Le mythe de l’Age d’or

, par Delphine Regnard

Cet article renvoie à des programmes qui ne sont plus d’actualité ; néanmoins, la démarche pédagogique évoquée conserve tout son intérêt.

Séquences réalisées par Camille Hémard (Lycée Jean-Jacques Rousseau, Sarcelles)

Le projet

Ce projet est destiné à des élèves de Première L. IL s’agit de délimiter un objet maîtrisable par les élèves pour travailler à l’aide des TICE sur la langue écrite, à travers l’analyse et la production de textes, en s’attachant particulièrement à une étude du lexique.
Le thème retenu est le mythe de l’âge d’or. Ce thème permet en effet de travailler sur les représentations historiques et en particulier sur l’utilisation de ce mythe dans l’émergence des Nationalismes à la fin du XIXème siècle et au XXème siècle (programme d’Histoire de 1ère L).

En tant que mythe, l’âge d’or a fait l’objet de nombreuses réécritures et l’analyse d’extraits littéraires issus de périodes différentes doit aider les élèves à saisir la richesse d’une langue littéraire faite de strates, les textes s’éclairant les uns, les autres.

Enfin l’âge d’or est un moyen de placer l’homme dans un devenir dans lequel l’idéal peut être placé comme une origine ou comme un horizon. Cette réflexion sera menée avec le professeur de philosophie et est à envisager comme une initiation à cette matière.

Les quatre séquences

Ce thème a été décliné en quatre séquences :

 les réécritures avec trois documents complémentaires constitués par les textes fondateurs du mythe (Hésiode, Ovide, Horace) et trois lectures analytiques qui présentent chacune une particularité (Ronsard, « les îles fortunées » pour une imitation d’Horace ; Nerval, extrait d’Aurélia, qui s’approprie le mythe pour exprimer le désir personnel d’une harmonie primitive ; Breton, extrait de l’Air de l’eau, pour une réécriture
moderne et tournée vers l’avenir du mythe).

 A l’aide du poème de Voltaire, « Le mondain », nous avons pu faire une transition vers la notion de progrès au XVIIIème en collaboration avec le professeur de philosophie.
L’idée était d’amener les élèves à réfléchir à la conception de l’Histoire que sous-tend le mythe de l’âge d’or (concevoir l’Histoire comme un lent déclin à partir d’un paradis) et le renversement qu’opère Voltaire en chantant le progrès. En contrepoint, nous avons étudié Rousseau, Le discours sur l’inégalité et Diderot, La réfutation à Helvétius, qui adoptent tous deux des positions personnelles de critique du progrès.

 Dans le roman de Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, l’île va représenter une forme de retour à l’âge d’or dans une nouvelle conception du temps et de la Nature, ce qui permet à l’auteur de s’interroger sur la civilisation occidentale.

 Enfin la dernière séquence qui nous a permis de développer le thème choisi fut l’autobiographie, et la question de l’enfance comme un âge d’or. Comment, dans une histoire personnelle, l’autobiographe peut reconstruire une enfance idyllique, ou essayer d’en saisir la magie, ce qui rend cette période de la vie exceptionnelle et irrémédiablement perdue. Les textes étudiés furent des extraits de René Char, Albert Cohen et Nathalie Sarraute (en contrepoint, par le refus de la reconstruction).

Utilisation des TICE

Les élèves ont travaillé en classe les textes avec le support d’un TNI et en salle informatique pour l’HDA, à partir du site musagora.

Ils auraient dû réaliser un lexique dont les entrées avaient été choisies, à partir de l’étude des
textes faite en classe :
 Nature/culture
 décadence/progrès
 mythe/réalité
 utopie/idéal

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)