Une saison au théâtre Partenariat scolaire avec le théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis (93)

, par BACH Ariane, Lycée Jean-Jacques Rousseau, Sarcelles

Cet article renvoie à des programmes qui ne sont plus d’actualité ; néanmoins, les démarches pédagogiques évoquées conservent tout leur intérêt.

Une saison au théâtre

I. Un partenariat multiple

Cette année, les élèves du lycée Jean-Jacques Rousseau, à Sarcelles, se sont engagés dans un projet de longue haleine et passionnant : ils sont devenus pour une année journalistes, et ont rendu compte de la plus grande partie de la saison théâtrale du Théâtre Gérard Philipe (Saint-Denis).
Le projet est né d’une première saison de collaboration entre le TGP et le lycée Jean-Jacques Rousseau lors de la saison 2011-2012. Celle-ci comprenait la venue à des spectacles ainsi que des visites techniques du théâtre et autres rencontres, sous la forme de parcours. Forte de ce travail, l’équipe pédagogique du lycée Jean-Jacques Rousseau a souhaité mettre en place une résidence d’artistes au lycée, dans l’objectif d’offrir à des élèves volontaires la possibilité de construire un projet artistique sur toute une saison, au sein même de leur établissement scolaire.
Cette résidence d’artistes a fait intervenir tous les protagonistes du Théâtre Gérard Philipe (comédiens, metteurs en scène, techniciens, personnels administratifs...) tout au long des 27 semaines de travail. Les ateliers hebdomadaires ont été supervisés par Joëlle Gayot, journaliste spécialisée dans le théâtre sur France Culture (Changement de décor, La Dispute).
Le financement de ce projet de longue haleine a été rendu possible par le soutien de la DRAC Île de France, de la DAAC Versailles, ainsi que du lycée Jean-Jacques Rousseau.

Tous les aspects du théâtre

Les élèves ont été invités à assister à 6 représentations tout au long de la saison : Les Serments indiscrets de Marivaux (mise en scène de Christophe Rauck), Whistling Psyché, de Sébastian Barry, 2004 (mise en scène Julie Brochen), Iphis et Iante, d’Isaac de Bensérade, 1634 (mise en scène Jean-Pierre Vincent), Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, opéra de Monteverdi, 1640 (mise en scène Christophe Rauck), J’ai couru comme dans un rêve, par la compagnie « Les Sans Cous », 2013, Rayahzone, 2013 spectacle de danse (conception et chorégraphie Ali et Hèdi Thabet). Ils ont également visité le théâtre rénové lors de sa réouverture le 20 mars 2013. La programmation était donc variée, du théâtre classique au théâtre contemporain, en passant par l’opéra ou la danse, le répertoire et la création. Le choix des spectacles avait pour but de rendre compte de la grande hétérogénéité de ce que propose le TGP, un théâtre à forte identité.

L’idée de départ était donc d’offrir aux élèves une vision large de ce que peut être le monde du théâtre. Ils ont rencontré Christophe Rauck, metteur en scène des Serments indiscrets, mais aussi directeur du TGP. Ils ont eu la chance d’assister à une répétition de la pièce, moment intime de travail entre les comédiens, les techniciens et le metteur en scène, qui leur a permis de prendre conscience de l’importance du travail en amont, souterrain en quelque sorte. D’autres personnes sont venues leur rendre visite, comme Pierre-François Garel, un des acteurs des Serments, Leslie Six, dramaturge sur le spectacle, ou encore les deux responsables de la communication du théâtre (interne et externe), qui ont abordé des questions concrètes, comme la mise en place des stratégies d’information en direction du public. Une chanteuse lyrique ainsi qu’un clavecinistes sont venus au lycée pour les initier à l’opéra, en préparation du Retour d’Ulysse, de Monteverdi. Les élèves ont pu rencontrer Brigitte Salino, journaliste théâtre au Monde. Ils ont aussi effectué une sortie à la Maison de la Radio, au cours de laquelle ils ont pu assister à l’enregistrement de deux numéros de Changement de décor, l’émission de Joëlle Gayot, dont les invités étaient Phillipe Tesson, Edith Scob et Hélène Vincent.

II. Fonctionnement et enjeux

Un fonctionnement original à deux vitesses :

  • Le premier aspect du projet consistait en un parcours classique pour 3 classes de Première :
    le projet s’adressait en premier lieu aux trois classes de Première ES du lycée, qui participaient à un parcours annuel, en allant voir trois pièces sur les six.
  • L’atelier : des élèves sélectionnés.
    Sur chacune de ces trois classes, cinq élèves ont été recrutés, en tant qu’ambassadeurs privilégiés. Ces élèves ont été recrutés sur leur motivation et l’intérêt qu’ils portaient à cet atelier. La connaissance du théâtre n’était en aucun cas requise, le niveau des élèves n’a pas constitué un critère de choix non plus. Seule leur désir de s’engager dans un projet à long terme et leur curiosité sont rentrés en ligne de compte Ils formaient un groupe de quinze élèves qui se retrouvaient tous les mardis, deux heures, sous la supervision de Joëlle Gayot, journaliste France Culture. Ces quinze jeunes journalistes rédigeaient des critiques, mais aussi des compte-rendus sur les nombreux intervenants qui venaient leur expliquer leur métier, leur vision du théâtre. Ils ont par ailleurs assisté à 3 représentations supplémentaires, en plus des 3 du parcours classique.

Cette structure à deux vitesses avait pour but d’une part d’enrayer les inévitables résistances que les élèves manifestent généralement face aux projets scolaires nécessitant une forte implication personnelle, puisque le fait d’être sélectionnés suite à un casting au mois de septembre a immédiatement créé un fort engagement ; d’autre part elle a permis de créer une émulation dans les 3 classes, puisque lorsque les 5 « journalistes » de l’atelier revenaient au sein de leur division d’origine, ils étaient riches de nombreuses rencontres avec des professionnels, de représentations supplémentaires, d’une expérience qui attisait la curiosité de leurs camarades, et les encourageait à venir davantage aux représentations.

Deux prestations publiques des élèves ont eu lieu au Théâtre Gérard Philipe, le mardi 22 janvier 2013 et le jeudi 25 avril 2013. Ces prestations ont été jouées et mises en scène par les élèves de l’atelier. Il ne s’agissait pas de jouer une pièce préexistante, mais plutôt de lire les divers écrits critiques réalisés en amont au fil des rencontres et sorties au théâtre sous une forme scénographiée. Leurs camarades de classe, les familles des élèves, les enseignants, les personnels d’encadrement étaient invités. Ces deux représentations ont été des temps forts dans la progression du projet : les élèves ont été galvanisés par la présence d’un public, et ont soigné autant la qualité de leurs textes que la justesse de leur mise en scène.

III. Les objectifs scolaires 


  • Améliorer les résultats des élèves à l’EAF

    Le premier objectif était de faire travailler les élèves dans la perspective de l’EAF. La démarche est en cela conforme aux instructions officielles de 2011, qui préconisent d’étudier le théâtre sous l’angle du « texte (et de sa) représentation, du XVIIème siècle à nos jours » « L’objectif est de faire découvrir des œuvres théâtrales qui renouvellent les formes classiques étudiées en seconde, mais aussi de sensibiliser les élèves à l’art de la mise en scène, notamment dans sa capacité à enrichir l’interprétation. La réalisation scénique déterminant profondément l’écriture des textes dramatiques et permettant d’en faire jouer pleinement les effets, on s’attache à faire percevoir aux élèves les interactions entre texte et représentation.
    Prenant appui sur une programmation locale ou sur des captations, l’étude proprement littéraire du texte théâtral sera étayée par l’analyse de mises en scène comparées, et prendra ainsi en compte les données propres de la dramaturgie. » (IO 2011)

On trouvera ici le détail de la séquence de travail proposée en classe, autour de la pièce Les Serments indiscrets de Marivaux.
Amélioration de l’oral
Amélioration de l’écrit

Le projet prenait également en compte les nouvelles directives visant à intégrer l’Histoire des Arts dans l’enseignement au lycée.

  • Répondre aux exigences de l’Accompagnement Personnalisé
    Le projet avait pour cadre l’Accompagnement Personnalisé. Il répondait aux trois orientations préconisées par le ministère :
    • « un soutien aux élèves qui rencontrent des difficultés » : le recrutement des élèves participant à ce projet ne reposait pas sur le niveau et s’attachait au contraire à valoriser l’hétérogénéité des profils.
    • « un approfondissement des connaissances ou une autre approche des disciplines étudiées  » : Cet atelier faisait écho au traitement en classe de l’objet d’étude « Le théâtre, texte et représentation », mais en proposait une autre approche, plus vivante, plus participative, moins scolaire.
    • « une aide à l’orientation, qui s’appuie sur le parcours de découverte des métiers et des formations » : de nombreux intervenants ont participé : metteurs en scène, comédiens, techniciens, administrateurs, journalistes, graphistes, attachés de presse, monteur radio... Ces nombreux métiers ont été susceptibles d’offrir des perspectives aux élèves de Première ES, aussi bien dans leur connaissance de l’économie de la culture que des métiers de la culture.
  • Construire un partenariat durable avec le TGP
    Au delà de l’expérience, le projet a bien évidemment pour objectif de créer un partenariat durable avec le Théâtre Gérard Philipe, en permettant au lycée Jean-Jacques Rousseau d’obtenir des abonnements multiples, et ainsi de donner largement aux élèves le réflexe d’aller au théâtre, en leur en facilitant l’accès ainsi que l’abord.

En guise de conclusion, on citera simplement la phrase d’un élève du projet au mois de juin : « ces temps-ci, je vais plus souvent au théâtre que je ne regarde la télé »...

Pour voir le détail du travail effectué, 3 articles peuvent être consultés :

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