Quelques pistes pour travailler en îlots : quel cadre ? Quels scénarios ?

, par Halimatou BESSON


Nous arrivons à une étape clé liée à la modification de la disposition de l’espace classe : concevoir des séances adaptées à cette nouvelle configuration.

La mise en place des groupes, la part du travail individuel

1. Comment organiser les groupes ?

Les possibilités sont multiples, tout dépend de l’objectif visé et de la dynamique de groupe que l’on souhaite installer. Les groupes ne sont pas forcément à envisager comme définitifs. Pour respirer, une classe a besoin de changement. La variation entre groupes homogènes et groupes hétérogènes est envisageable et même souhaitable en fonction des activités choisies. Laisser à l’élève la possibilité de constituer son groupe de travail est souvent un facteur de motivation qui contrairement aux idées reçues ne met pas en péril la bonne conduite des ateliers et favorise la réussite du projet final.

2. Le travail individuel disparaît-il totalement ?

Non. Ne perdons pas de vue que le travail de groupe construit et renforce des compétences qui seront utiles à chacun des élèves lors des phases de travail individuel. Des phases d’enrichissement entre pairs lors de missions induisant un travail collectif sont nécessaires. Elle permet une meilleure appropriation des savoirs et savoirs-faire. Le travail de production individuelle n’est pas négligé, il a toujours sa place, nous le construisons différemment, de manière progressive. Le scénario global pourra comprendre des phases de recherche individuelle, des phases autonomes de mise en forme des idées et des temps productions écrites individuelles .

L’instauration d’une nouvelle dynamique

1. Pour cadrer la séance et organiser les activités : la feuille de route, un bon outil

La feuille de route sert à cadrer la séance, elle fixe les modalités, les objectifs, les compétences visées et le cadre temporel. Elle est explicitée en début de séance afin que les différentes étapes puissent être comprises par la majorité des membres d’un îlot. Si besoin, la reformulation des attendus pourra s’effectuer entre pairs.

2. Des scénarios pédagogiques nombreux, des élèves dans une démarche d’investigation

Résoudre un problème, s’approprier un corpus de textes, analyser une oeuvre, réaliser un défi, explorer un récit, sont autant d’activités qui prennent une autre dimension à plusieurs. L’enseignant impulse les enquêtes, aux élèves de proposer, de se justifier, de se tromper, de confronter… Le temps d’atelier prend une impulsion nouvelle, motivée par une problématique mobilisitratice.

Différenciation et travail en îlots

1. Une configuration qui facilite la différenciation

La remise en question des pratiques, induite par cette nouvelle manière de penser les apprentissages facilite la différenciation pédagogique. L’état d’esprit et la logique pédagogique impulsés par le travail en îlots conduit naturellement à cette nouvelle problématique. Il devient plus simple, en jouant sur la constitution des groupes, de différencier les approches pour les élèves ayant différentes façons d’apprendre, ayant différents rythmes de travail, ayant besoin d’adaptations ou de modifications. Ici l’organisation de l’espace conduit naturellement et facilite la différenciation des contenus, des structures, des processus et des productions.

2. Dois - je envisager trois cours en un ?

Non. On peut différencier ce sur quoi la tâche va porter, concevoir les modalités d’organisation de la tâche avec plus de flexibilité, adapter le processus et envisager des productions différentes et cela sur une même séance. Concernant la tâche de travail, le plus dur a été fait en acceptant de changer la manière d’envisager les apprentissages, la préparation des séances ne prend pas beaucoup plus de temps, le temps de préparation paraît grossi par la marche idéologique à franchir.

3. Comment varier les dispositifs ?

Les dispositifs qui suivent nécessitent une acculturation des élèves et du professeur au travail en îlots, une fois que le groupe classe est suffisamment mûr, nous pouvons envisager d’autres types de scénarios.

Penser un cours par atelier (un îlot travaille une compétence ciblée).

Penser un cours avec une mise en autonomie progressive en jouant sur l’homogénéité des îlots. Certains îlots pourront se mettre au travail tout de suite, d’autres auront besoin d’un soutien pour élaborer les premières missions, une poignée d’élève pourra alors, réaliser la mission finale avec votre aide.

Quand une partie de la classe travaille à la réalisation d’un projet défini par une feuille de route claire, cadrante et pragmatique, le professeur peut, pendant ce temps travailler avec un groupe plus restreint d’élèves. Une partie de la classe est en autonomie (en production individuelle ou collective avec la possibilité ou non de demander conseil à ses pairs) pendant qu’une autre partie peut-être prise en charge par le professeur .

Envisager l’étude de la langue en îlots : le laboratoire de grammaire

La séance présentée a été menée en classe de 6e. Il s’agit d’un laboratoire de grammaire ayant pour objectif d’aborder la langue sous forme « d’expériences ». Une large place est laissée à la collaboration entre élèves. Les élèves prennent le temps de construire le texte qui servira de support à la manipulation et à la réflexion. Ils manipulent la langue , l’observent , la questionnent.

4. Un exemple de séance en îlots avec mise en autonomie progressive

Cette séance a été réalisée en classe de troisième. Elle prend appui sur un corpus composé de trois textes.

Le scénario pédagogique ci-joint tente une exploitation différenciée des textes et une mise au travail progressive de chacun des îlots. Les élèves sont répartis en îlots homogène. Nous sommes en fin de séquence, le travail individuel est recommandé, l’échange entre élèves n’est pas interdit.

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