La réalisation de vidéos en classe de français La vidéo au service de la lecture et de l’écriture

, par Marie LEFEBVRE


Pourquoi choisir le support vidéographique en lecture ?

La littérature et la vidéo ont un lien consubstantiel : elles sont toutes deux fondées sur le visuel.
D’une part, la littérature semble produire des images notamment par le biais des figures de style. L’imaginaire naît en partie du caractère visuel stimulé par la lecture.
D’autre part, le genre de la vidéo a pour maître mot le visuel. Toutefois, il nous apparaît clairement que nos élèves sont souvent plongés dans une société de l’image et du visuel sans toutefois en maîtriser les ressorts. C’est pourquoi, il nous semble primordial d’en posséder les codes et les outils d’analyse pour mieux comprendre les images.
Si la séduction opère immédiatement avec les élèves en utilisant le genre vidéographique, il en est tout autre avec la lecture. Il faut donc souvent ruser afin de les faire lire et la vidéo peut ainsi être d’une grande utilité dans les domaines suivants :

  • la lecture d’une oeuvre intégrale,
  • le compte rendu de lecture
  • l’écriture d’un récit d’imagination.
    S’il existe bien d’autres moyens d’utiliser la vidéo en classe de français, ce sont ces trois dispositifs que nous présenterons dans ce document puisqu’il est très aisé de les utiliser avec des collégiens.

La vidéo rendant compte d’une lecture d’oeuvre intégrale

Au terme d’une lecture menée à la maison, la restitution et l’évaluation du travail mené peuvent s’avérer compliquées. Comment sortir d’un simple questionnaire de lecture tout en évaluant si le texte a été lu et compris ? La réalisation d’une vidéo offre une solution ludique et innovante. L’enjeu demeure crucial pour l’enseignant puisqu’il s’agit à la fois de vérifier que la lecture a bel et bien été réalisée tout en encourageant l’espace de lecture tel un mode de plaisir.
En sixième, l’objectif consistait à rendre compte d’une lecture extraite de la collection Histoires noires de la mythologie. Chaque groupe constitué de deux ou trois élèves devait lire une oeuvre de son choix autour d’un personnage mythologique. La réalisation de la vidéo avait pour objectif de rendre compte de la lecture, de créer trois parties distinctes traduisant les grands thèmes du livre. Cette structure a pour objectif de mettre en exergue la réalisation de parties structurant la pensée et guidant la rédaction. Le fait de visualiser ces parties, clairement signifiées par l’usage de titres, a un objectif structurant. Par ailleurs, les élèves n’ayant pas lu le roman et ayant choisi de s’intéresser au personnage, découvrent de façon ludique la présentation de la bande-annonce.
Il appert donc que le caractère ludique et réflexif de l’activité choisie devient essentiel afin de parvenir à développer plaisir et créativité chez les élèves.
C’est pourquoi la création d’une vidéo peut constituer un support innovant et créatif qui stimule grand nombre d’élèves.

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Créer une bande-annonce

La création d’une bande-annonce de livre comporte trois intérêts majeurs pour le français :
 d’une part elle permet de vérifier si les élèves ont lu le texte,
 par ailleurs elle atteste de la compréhension des procédés du genre littéraire
 et pour finir elle permet de faire valoir l’oeuvre lue et encourage les autres élèves à lire.
J’ai donc expérimenté la création d’une bande-annonce lors de la séquence sur le fantastique. En classe de quatrième, l’analyse filmique réalisée lors de la séance sur l’écriture fantastique a permis de révéler la mise en forme esthétique de la tension et du suspens au coeur de l’écriture fantastique. L’étude aboutit à une réflexion sur les constituantes récurrentes du genre. Les élèves devaient donc intégrer dans leur bande-annonce :
- la présence d’un cadre réaliste permettant un ancrage du récit dans la réalité,
- la présence de topoi propres au genre
 l’intervention d’un événement inquiétant créant un doute chez le spectateur afin de traduire l’hésitation entre interprétation rationnelle et irrationnelle,
- le suspens allant crescendo qui entraîne la peur chez le spectateur
- un doute persistant jusqu’à la fin de l’oeuvre qui ne permet pas de trancher entre le surnaturel et la logique.
Concrètement, les élèves par groupes de deux ou trois choisissaient de lire une nouvelle fantastique puis d’en réaliser la bande-annonce qu’ils diffusaient à l’ensemble de la classe.

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La mise en image d’un récit d’imagination

La vidéo permet également d’encourager la production écrite à partir d’une oeuvre. En cinquième, lors de l’étude du récit d’aventure, les élèves ont créé une aventure qu’ils devaient mettre en images. La démarche était donc ouverte et libre pour affranchir les élèves d’un cadre trop contraignant. Toutefois, la structure de la narration devait suivre les temps importants d’une scène d’action. L’intégration d’une voix-off permettait de lire le texte rédigé et mis en images. L’écriture du scénario permettait d’appliquer les caractéristiques récurrentes du genre tout en structurant son récit et en le mettant en valeur.

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Comment parvenir à l’élaboration d’une vidéo ? Quels écueils ne pas commettre ?

La démarche permettant d’élaborer une vidéo s’appuie sur l’utilisation de « la grammaire » du visuel à savoir les plans, le montage, la bande-son, le cadrage, la lumière. C’est pourquoi il faut guider les élèves en salle informatique pour les faire pratiquer avant de se lancer.

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L’écueil majeur à ne pas commettre est de penser que les élèves sont capables d’y parvenir seuls : si quelques élèves ont une pratique de l’ordinateur, la grande majorité ne sait pas utiliser les logiciels de création de vidéo. C’est pourquoi il faut choisir un logiciel facile d’utilisation et gratuit. Dans le cadre des exercices en salle informatique, les élèves utilisaient Movie Maker mais étaient libres de choisir un logiciel similaire afin de créer la version finale de la vidéo. Il ne faut également pas oublier que certains élèves ne disposent pas d’ordinateurs à la maison. Dans ce cas, soit la vidéo est finalisée en classe soit le groupe est constitué de façon qu’au moins un élève du groupe dispose d’un ordinateur.

En salle informatique, le professeur doit donc créer des petits exercices pratiques guidés par un support les guidant tout en circulant dans les groupes afin de vérifier la bonne marche des exercices. Pour ma part, j’ai décidé de segmenter de travail en différents points :

  • La création de titres dans la vidéo : le titre initial du projet, mais également les titres des parties et pour finir un générique de fin.
  • L’intégration d’images fixes tout en gérant la durée de ces images et des modifications de l’image.
  • L’intégration d’une vidéo.
  • L’intégration de transitions entre les images et les vidéos.
  • L’utilisation d’effets sur la vidéo ou sur l’image : il peut s’agir de ralentis, d’accélérations et même du passage d’une couleur à une autre.
  • L’ajout de sons dans la vidéo : des bruitages, de la musique ou d’une voix off.

Il ne faut pas cependant penser que parce que les élèves parviennent à effectuer ces différents exercices, ils seront capables de les reproduire une fois seuls. C’est pourquoi chaque exercice doit s’accompagner d’un polycopié résumant ce qu’ils ont fait en comment ils y sont parvenus. Des captures d’écran sont très utiles pour visualiser l’endroit dans le logiciel permettant d’accomplir l’opération adéquate.

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Quels résultats ? Quel bilan ?

La création d’une vidéo en cours de français a bien des intérêts :

  • Tout d’abord, elle favorise la créativité des élèves qui parviennent à aboutir à des vidéos très différentes les unes des autres.
  • Il s’agit également d’encourager le travail en équipe en veillant à ce qu’il soit bien réparti.
  • D’une façon générale, le constat établi est que les élèves ont envie de réaliser un produit final bien construit et sont donc amenés à lire, à écrire et à résumer un livre pour y parvenir.
  • De même, l’atout majeur de l’usage de la vidéo est de valoriser les élèves « peu scolaires » qui ont parfois du mal à se confronter à l’écrit. J’ai ainsi pu constater que certains élèves dits « en décrochage » se trouvaient motivés et très impliqués dans la création de vidéos.

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