Cédérom « L’Aventure des écritures »

, par WALLON Chantal, Collège Les Vallées, La Garenne - Colombes

Le récent cédérom L’aventure des écritures, coproduit par la Bibliothèque Nationale de France et la Réunion des Musées Nationaux, est un outil riche, facile à manipuler, d’ une interface très agréable, et qui livre à son utilisateur des merveilles iconographiques et une somme considérable d’informations. Il y a là une mine pour introduire des élèves à la découverte de cette prodigieuse invention, l’écriture, qui a fait sortir l’homme de sa préhistoire, lui a permis progressivement d’ ordonnancer le monde, d’organiser la vie sociale, d’avancer dans la connaissance des choses et de l’ être, enfin dans l’expression de soi. Le cédérom est exploitable à plusieurs niveaux, en cours de Lettres bien évidemment, mais aussi en interdisciplinarité avec l’Histoire, les Arts Plastiques , la Technologie ou la Philosophie.

Découverte du cédérom

La page d’accueil

Cinq bandeaux superposés donnent accès à des « récits », des « explorations », des « dossiers », une chronologie, et un moteur de recherche.

 les récits présentent le multimédia chapitre par chapitre.
 les explorations d’images permettent d’approfondir un document iconographique particulier.
 les dossiers proposent des rapprochements de documents et des mises en perspective.
 la chronologie conduit à des activités de repérage spatio-temporel.

La navigation

Les récits

Une dizaine de récits couvrent l’Histoire des écritures, selon les cinq axes choisis par les concepteurs du cédérom : inventer, matérialiser,communiquer, tracer,composer.

Les récits s’écoutent et se regardent, on peut les interrompre, revenir en arrière ou sauter des étapes, mais leur utilisation reste linéaire. On pourra entendre, sur une animation iconographique, une introduction aux « brouillons d’écrivains », qui reprend les grandes lignes de l’exposition de la BnF , ou une autre sur la question des alphabets et des codes, qui pourra alimenter une réflexion sur le sens des signes.

Les explorations d’images

Une quinzaine de documents-sources sont plus spécialement analysés. Une notice détaillée accompagne chacun d’eux, qui conduit elle-même à d’autres documents liés ou à des articles de fond, historiques ou techniques.L’exploration de « l’Arbre à alphabet » par exemple nous conduit vers les Abécédaires et l’histoire de l’enseignement de la lecture.

Les dossiers

Ils offrent une documentation abondante sur la naissance des écritures, les systèmes d’écriture, les supports de l’écrit, le passage du signe au sens et l’histoire de la page.

Pour chacun de ces chapitres, une présentation « en bref » s’ouvre ensuite sur des sous-chapitres, qui eux-mêmes peuvent conduire à tout un ensemble d’articles complémentaires : Par exemple, le chapitre « du signe au sens » commence par introduire la notion de « code », développée sur 14 pages-écrans magnifiquement illustrées. Après la question initiale « D’où vient le code ? »( des dieux ? des hommes ? ), est posée la seconde question :« A qui appartient le code ? »:le cédérom propose alors un cheminement à travers six articles de fond :« le scribe », « une histoire des apprentissages », « la lecture », « l’apprentissage de la lecture chez l’enfant », « l’écriture de l’inconscience », « jouer pour apprendre chez les Touaregs ». « Une histoire des apprentissages », pour donner en exemple le deuxième article, balaye l’histoire des pratiques depuis l’époque latine et le Moyen-Age, en passant par les Temps Modernes et les lois de Jules Ferry, jusqu’aux diverses méthodes développées au XXème siècle...et au constat d’illettrisme qu’au début du XXIème, la société est bien obligée d’admettre, devant les statistiques issues des Journées d’appel de la Défense Nationale !

Mais l’on peut aussi se diriger vers les codes secrets et les écritures brouillées, pour aboutir par exemple aux inventions poétiques inpirées par les sigles !

La chronologie

Un planisphère est associé à un axe des temps ; il suffit de choisir de choisir l’une des périodes définies entre -3000 et nos jours pour qu’apparaissent les cartes des déchiffrements successifs des écritures du monde. Ensuite, en plaçant simplement le curseur sur l’une des puces localisant telle ou telle langue, on ouvre sans même cliquer les informations sur cette langue. Un « arrêt sur » conduit à une notice plus élaborée ou plus complète. Ainsi peut-on faire découvrir qu’au deuxième millénaire avant J.-C., avec le grec, douze systèmes d’écritures cohabitaient en Europe et au Proche Orient. Ainsi peut-on aussi, facilement, accéder aux données actuelles sur la langue étrusque.

Le moteur de recherche

La fonction recherche permet d’accéder à des regroupements de documents selon le type de document recherché ( texte, récit, image ), selon son support ( de la feuille de palmier ou du plastron de tortue au disque optique, en passant par le jaspe et la porcelaine, sans oublier bien évidemment, le papier !), son type d’écriture ou un mot particulier

Le glossaire

Quant au glossaire, qui rassemble un peu plus de 100 termes techniques, soit on y accède en tant que tel, soit il se met en route automatiquement dès qu’un terme dans un article ou une notice, est suivi d’un astérisque : il suffit de glisser la souris sur le mot pour que s’affiche, en bas de l’écran, sa définition.

Conclusion

La navigation, comme on l’a compris, est relativement simple. Même plus besoin de cliquer parfois ! Les pages-écrans indiquent toujours où l’on en est dans le cédérom, affichant en surbrillance le chapitre ou le sous chapitre dans lequel se trouve le document à l’écran ainsi que chemin pris pour y accéder. De jolies surprises : l’idée de bandeaux qui déroulent des citations,ou une loupe, parfois mise à notre disposition, pour observer de plus près toute la surface d’un document.

Suggestions

En collège

6e

La liaison avec le professeur d’Histoire s’impose d’emblée, quand il étudie le passage de la Préhistoire à l’Histoire ou qu’il aborde les premières civilisations méditerranéennes : montrer que les signes de l’écriture ne sont pas nés de rien, mais déjà d’une maîtrise acquise de la représentation graphique, que l’invention des codes est liée à la notion de symboles, que les premières écritures ont eu pour objet de fonder les règles de vie des sociétés, sont des notions qui doivent pouvoir s’acquérir en 6e. L’on pourra bien sûr s’arrêter plus précisément sur les écritures cunéïforme, hiéroglyphique ou grecque et observer les matériaux qui ont pu servir de supports à ces écritures.

Avec le professeur d’Arts Plastiques, on pourra s’orienter vers une sensibilisation des élèves à la notion de graphie, et travailler l’évolution de la lettre, comprendre l’intérêt et la postérité de la caroline, par exemple. On pourra aussi imaginer tout un travail sur la lettre et l’image, soit à partir de lettrines, soit à partir de poèmes calligraphiques.

Enfin, en cours de Français, on pourra, dans une séquence sur les mythes fondateurs, partir à la recherche des mythes concernant l’écriture que ce soit en Egypte, en Chine ou au Mexique.

5e & IDD

Le manuscrit médiéval ou la calligraphie arabe sont en rapport direct avec le programme de 5e. Il n’est pas difficile d’exploiter l’iconographie abondante du cédérom en videoprojection.

En Français, les illustrations à travers les âges d’un thème chevaleresque « L’histoire des quatre fils Aymon » peut servir de point de départ à l’étude du récit.

Au cours de Latin, on pourra s’intéresser au mystère de la langue étrusque, qui encore indéchiffrée aujourd’hui, a permis le passage de l’alphabet grec à l’alphabet latin.

Enfin, un itinéraire de découverte, pourrait très bien s’intéresser à la technologie des supports, du plastron de tortue au rouleau de soie, de l’ostraca au support numérique.

4e & 3e

Dans ces classes, on pourra commencer à réfléchir au travail de l’écrivain, à la notion de brouillon, de repentir, de mise en forme et mise en page. « La page, espace laboratoire de l’écrivain » est un article tout à fait abordable dans ces classes. Montrer à nos élèves comment Balzac corrigeait ses épreuves avant le « bon à tirer » ou comment Zola couvrait de notes documentaires des cahiers entiers est d’un intérêt certain.

D’autre part, on peut montrer que toute l’histoire du développement des idées - à partir notamment du siècle des Lumières - et celle de la démocratisation de la culture- depuis les lois Jules Ferry et l’enseignement obligatoire - se sont faites grâce à la diffusion de plus en plus répandue des écrits : l’industrialisation du papier, la prolifération des journaux, l’apprentissage généralisé de la lecture, sont évidemment des éléments fondamentaux qui ont permis le débat public. Ce n’est pas inutile dans ces classes de faire le lien entre lecture et citoyenneté. Plusieurs articles de fond peuvent tout à fait être étudiés par des élèves un peu plus débrouillés ou motivés et faire l’objet d’exposés.

En lycée

L’aventure des écritures offrira à des élèves de Seconde ou de Première de quoi travailler sur la genèse des textes : ceux-ci pourront circuler à travers des manuscrits de Hugo, Flaubert, Rimbaud, Proust, Perec, Apollinaire, Ségalen, Valéry, Zola, Bataille, Romains, Aragon, Giono, documents commentés qui leur feront saisir les différents aspects de la germination d’une oeuvre, cheminement ou illumination. L’histoire des manuscrits est déroulée, jusqu’à leur apothéose. La problématique actuelle de l’écriture et des brouillons à l’heure de l’informatique n’est pas oubliée : comment écrit-on aujourd’hui ?

En Philosophie, quand on abordera les chapitres sur le langage et la connaissance, ou les questions afférant à la naissance des sociétés, L’aventure des écritures offrira de bons points d’appui.

Conclusion

Pluridisciplinaire avant tout, abordant les écritures sous tous leurs angles, graphique, artistique, historique, collectif, individuel, sacré, mythique, technique....ce nouveau cédérom mérite qu’on s’y attarde.

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